A quand la valorisation effective de la vallée de l’Ouémé ? Quelles sont les actions que vous avez déjà faites pour sa mise en valeur ?
A travers ASKGOUVBENIN, j’ai compris que beaucoup de personnes suivent les informations à travers le numérique. Cela s’explique par plusieurs centaines de questions que j’ai reçues relatives à l’agriculture, l’élevage et la pêche. Je vous en remercie.
La vallée de l’Ouémé est la 2e vallée la plus riche après celle du Nil. Si le Bénin a cet avantage naturel, nous devons pouvoir la mettre en valeur pour promouvoir l’autosuffisance alimentaire. Pour cela, depuis quelques années, le gouvernement a mis sur pied le projet d’appui aux infrastructures agricoles dans la vallée de l’Ouémé (PAIAVO). Ce programme a permis d’aménager 1.112 ha de terre cultivables. Le PAIAVO a permis de récolter deux fois du riz par an pour un rendement de plus de 5 tonnes à l’hectare. Actuellement, nous sommes en train d’aménager 792ha en utilisant la main d’œuvre locale pour la construction des digues et autres afin de désenclaver un peu la Vallée. Il sera construit 32 magasins ayant une capacité moyenne de 100 tonnes et 64 aires de séchage autour de ses magasins. Actuellement 15 magasins sont en cours de finition. Tout cela pour mettre à la disposition des acteurs agricoles de la Vallée, des infrastructures dignes d’une agriculture moderne conformément aux ambitions du Chef de l’Etat. Ces infrastructures permettront non seulement d’éviter les effets néfastes des inondations sur les récoltes mais de stabiliser l’autosuffisance alimentaire. A côté, des centres de groupage, l’Etat a fait construire et a mis à la disposition des agriculteurs de Dangbo, Adjohoun, Covè, Zangnanado, Zè des digues de protection… Il y a aussi des marchés qui sont construits pour faciliter les échanges commerciaux dans ces différentes localités. 200 km de pistes agricoles sont en cours de réhabilitation pour faciliter la communication entre les habitants. A ce jour, le gouvernement a déjà investi près de 20 milliards de FCFA dans la vallée de l’Ouémé. Il faut rappeler que la vallée de l’Ouémé est aussi gérée par le PROCAD à travers PADA (Projet d’appui à la diversification agricole) qui accompagne les agriculteurs. Avec PAIAVO et PADA, le gouvernement appuie les agriculteurs pour l’acquisition de bonnes semences sans oublier les accompagnements techniques suivis des renforcements de leurs capacités.
Quelle est la politique du gouvernement en ce qui concerne la valorisation de la filière avicole au Bénin ? Quel programme pour les jeunes agriculteurs et éleveurs en 2019 pour pouvoir diminuer le chômage dans notre pays le Bénin ? Que prévoyez-vous pour que nous évitions l’importation des produits halieutiques qui sont parfois de qualité douteuse dans notre cher pays ?
Chers amis ! La production agricole est une des priorités du gouvernement actuel. Ce qui explique la mise en place d’un vaste programme de développement des filières œufs de table et viande. L’accent est surtout mis sur les volailles surtout domestiques. Pourquoi ce choix, chers amis internautes ? Le constat est que dans la plupart de nos maisons, chaque ménage fait l’élevage de volaille qui est perturbée par un taux de mortalité très élevé. Si nos efforts nous permettent de réduire ce taux de 20 à 40%, nous gagnerons beaucoup de viande. Mieux, c’est plus facile de consommer un poulet par semaine qu’un bœuf par mois. Cela permet aux enfants d’avoir l’équilibre alimentaire à coût réduit. Pour la production des œufs de consommation, un programme spécial est conçu pour faciliter l’acquisition des couvoirs. Malgré cet effort, nous couvrons à 51% les besoins en œufs de table. L’objectif pour le gouvernement est d’atteindre 80 à 90% des besoins en œufs d’ici 2021. Pour atteindre ce résultat, nous devons passer par le développement de petites fermes de 5 à 10.000 têtes d’animaux. Des accompagnements prévus en cours dans divers programmes comme le PADA. Le PADA par exemple avec ses 4 milliards permet de résorber la question de chômage des jeunes. Ces jeunes sont recyclés dans des centres appropriés et bénéficient des appuis techniques. Toujours pour les jeunes, il y a le Projet d’Appui à la Promotion Vivrière et à la Résilience (PAPVIR) dans les départements de l’Alibori, du Borgou et des Collines, le PAIAVO…pour l’aménagement de 6.000 hectares qui permettront d’installer 2500 jeunes. Il faut comprendre que l’installation des jeunes dans l’agriculture, ne se décrète pas mais plutôt une volonté des jeunes qui ont cette ambition. Nous aurons à mettre dans chacun de nos pôles, des centres de formation qui auront pour rôle de former ces jeunes qui le veulent et s’exercent déjà. Pour la production halieutique locale, le gouvernement est aussi présent comme dans les autres filières car les conditions d’élevage des poissons sont encore meilleures au Bénin qu’ailleurs. Il suffit pour nous de renforcer nos capitaux humains et techniques appuyés d’une bonne volonté pour atteindre les objectifs en aquaculture. Aujourd’hui, nos besoins sont estimés à 75.000 tonnes avec une couverture locale atteignant les 50.000 tonnes. Mais le gap peut être comblé car l’aquaculture peut se faire partout même sur la véranda. Rappelons que nous ne décrétons pas la fin de l’importation dans ce domaine.
La question de mise en place des unités de transformation des matières premières comme l’anacarde, le riz, l’ananas et le coton. Les mesures pour faciliter l’implantation des usines et quid des efforts de recherche d’un marché régional et international d’écoulement des produits finis ? La question de relance des anciennes sociétés de textiles pour une transformation du coton en tenues vestimentaires pour la valorisation de notre culture ?
La transformation agricole passe par une capitalisation pour la production et surtout pour la transformation. C’est dans la transformation que se développent les chaînes de valeur ajoutée créatrices d’emplois pour les jeunes. Cela est un objectif essentiel du PAG. Par exemple, pour le cajou où nous atteignons les 300.000 tonnes avant la fin du quinquennat, seulement 12 à 15.000 tonnes sont transformées localement pour un objectif de 150.000 tonnes. Avec la mise en œuvre par l’APIEX des conditions actuelles très compétitives, beaucoup d’usines se bousculent pour s’installer. Cela réduira considérablement le taux de chômage car une usine de capacité 3.000 tonnes l’an, emploie jusqu’à 250 femmes. Il en est de même au niveau de l’ananas. Le riz n’en parlons plus car il est en pleine croissance et l’Etat met les moyens pour une transformation totale au plan local. En ce qui concerne le coton, l’égrenage est à 100% au Bénin. En ce qui concerne les textiles, cette filière est gérée par la coopération avec la Chine. Le Bénin est un pays qui facilite l’installation des unités privées pour une bonne création de la richesse. Mais à côté, des réflexions sont en cours pour la production des textiles MADE IN BENIN.
Appui et financement de l’entreprenariat agricole, passant par la création d’une banque agricole. Que faire pour les jeunes entrepreneurs agricoles à court de moyens financiers ?
Oui, priorité est donnée aux jeunes sortis des centres de formation agricole pour leur recyclage en entreprenariat dans les pôles agricoles. Une fois le projet bien rédigé, le Fonds national pour le développement agricole les accompagne. Le Fonds recevra la semaine prochaine des experts canadiens pour un appui réel des jeunes. Il faut dire que la banque agricole viendra mais utilisons d’abord les ressources disponibles dans nos banques primaires pour atteindre nos objectifs. Pour les maraichages, les différents projets comme le PAIAVO s’en chargent. Mais il faut préciser que seuls les projets prêts et bancables sont pris en compte et non des visions.
Le développement des nouvelles filières agricoles comme la vanille très prisée avec 500 euros le kg ? Des expérimentations personnelles sont en cours et un mémoire de master 2 sera soutenu bientôt à Kétou en février prochain.
D’abord, bravo cher collègue (sourire de satisfaction du MAEP). Je t’annonce que dans toutes nos agences territoriales de développement agricole, il y a une direction qui s’occupe de la diversification agricole. Je reconnais que votre innovation est bonne. Dans les années 90, j’ai fait pousser le blé dans l’Atacora par la technique de variation des températures. La question est de savoir si tout ce qui pousse est économiquement rentable ?
L’autre chose, il faut reconnaître que, par des voies détournées, beaucoup de nos matières premières sortent du pays et créent une pénurie qui agit sur le taux de transformation locale. D’ailleurs c’est ce qui a amené le gouvernement à intervenir dans la filière du bois pour arrêter la saignée. Quant au karité, près de 3 milliards sont débloqués par le gouvernement pour développer sa collecte et sa transformation massive. Ne faisant plus aucune subvention financière au profit du coton, le gouvernement du Bénin travaille sur d’autres filières comme le maïs, le manioc afin que ces produits agricoles soient mûrs comme le coton. Nous nous sommes fixés un objectif de plus de 2 millions de tonnes pour le maïs avec des rendements moyens de 1,4 tonne à l’hectare
Rôles et objectifs des agences territoriales de développement agricole dans nos communes ?
C’est de la volonté de l’Etat béninois de territorialiser et de régionaliser l’agriculture en créant ses agences. Ces agences ont des cellules disposées à accompagner la politique agricole dans chaque commune. Elles communiquent à travers les radios communautaires et expliquent les conditions de la disponibilité de financements nationaux à partir de 2019.
L’utilisation du glyphosate et l’agriculture biologique comme alternative sans oublier la question de la gestion durable des sols.
Le débat sur le glyphosate est un débat purement technique. L’agriculture biologique est également une priorité de notre secteur. Elle a fait l’objet d’une grande réunion avec les cadres de mon département et des partenaires qui ont fait l’expérience bio comme moi-même dans les secteurs d’ananas, de papayer, de banane ici au Bénin. Cela me permet d’aborder la question de la gestion durable des sols qui est aujourd’hui une réalité au Bénin à travers des programmes bien pensés que sont le PROSOL, PROAGRI…. Des technologies innovantes sont mises en œuvre pour intercaler le coton avec des céréales avec l’appui de l’AFB et GIZ.
Quelques questions diverses
La question de maîtrise de l’eau est primordiale en agriculture. En ce qui concerne l’érosion, des dispositions sont prises par le gouvernement. Pour la collecte des eaux de surface, elle est faite à travers le captage des eaux par des barrages. Ainsi 5 sont en cours de construction pour le compte du MAEP et 11 au niveau du ministère de l’eau. Tout ceci montre l’option du gouvernement sur la maîtrise de l’eau afin de produire à tout moment de l’année.