1. L’indépendance énergétique au Bénin
La mise en activité de la centrale de Maria Gléta, permet-elle une extension du réseau électrique dans les localités qui demeurent toujours dans l’obscurité ou bien servira-t-elle de relais en cas de réduction inattendue de l’énergie importée ?
Ce que je peux dire, en même temps que le gouvernement développe des moyens de production à l’image de Maria Gléta, nous travaillons également au niveau de l’extension et de la densification du réseau électrique de notre pays, dont malheureusement une bonne partie est vétuste. Comme vous le savez, tout système électrique se décompose en trois pans : il y a la production, le transport et la distribution. Si un des trois pans est défaillant, l’énergie ne viendra pas chez le consommateur. Particulièrement sur ce projet de Maria Gléta, dans le cadre des retombées sociocommunautaires, il y a un aspect particulier qui répond à votre question. Il s’agit de l’extension réseau basse tension de 25 km pour mailler l’ensemble des agglomérations où se situe cette centrale, puis 150 lampadaires qui permettront d’éclairer cette localité. Dans cette retombée sociocommunautaire, il y a 24 salles de classe qui sont construites, le commissariat, le local pour l’infirmerie, une route de 3 km qui permet l’accès à la centrale.
La question de savoir si la centrale va servir de relais ou pas ? C’est à la fois OUI et NON. OUI parce que en cas de défaillance en matière de disponibilité électrique, on pourra encore s’appuyer plus sur la centrale de Maria Gléta. NON, parce que en ce moment où je vous parle, cette centrale fournit l’énergie électrique à notre pays, se substituant désormais aux moyens de location dont nous avons fait usage pendant la période d’action à court terme. Dès 2016, le gouvernement a mis comme priorité l’énergie qui est le socle de tout développement économique dans tous les pays du monde. Maria Gléta nous a permis de démobiliser les moyens de location.
Quel est le besoin global de tout le Bénin exprimé en Mégawatts ? Quel est le pourcentage de couverture électrique de Maria Gléta par rapport au besoin national ? Quand finirons-nous avec le délestage ?
Le besoin aujourd’hui en matière d’électricité au Bénin varie selon les heures de la journée. Entre 19h et 22h, on a le pic qui est de 240-250 MW. La journée le besoin tourne autour de 160 MW. En réalité les tests ont montré que Maria Gléta qui a une capacité de 129 MW répond déjà à 50% des besoins, y compris aux heures de pointe. Ce qu’il faut savoir, le délestage est définitivement derrière nous. Parce que, le délestage est un phénomène volontaire. On fait le délestage quand l’offre ne répond pas à la demande et pour éviter de perdre le réseau, on est volontairement obligé de couper certaines zones pour équilibrer l’offre et la demande. Avec Maria Gléta, le reste des matériels loués sera démobilisés d’ici fin 2019. Tout ceci traduit la justesse des choix opérés par le gouvernement en 2016 pour rendre l’énergie disponible à court terme.
Quel est le coût global de la réalisation de la centrale électrique de Maria Gléta 2? Quelle est la durée de vie des machines installées ?
C’est un secteur éminemment capitalistique, donc beaucoup d’investissements. Ce projet prévu pour coûter 106 milliards de nos francs, a commencé à l’heure et a fini avant l’heure. Globalement on tourne autour de 90 milliards FCFA sur les 106 prévus. Ce qui montre la meilleure gestion d’un produit historique et majeure avec une rigueur budgétaire extraordinaire. Ces 90 milliards sont repartis entre la Banque islamique de développement (avec 75% du financement à un taux de 1,3%), la BIDC et la BOAD sans oublier la part béninoise qui est d’environ 4 milliards FCFA. Ce qu’il faut savoir, cette centrale peut fonctionner avec du fuel comme avec du gaz. Le gouvernement a décidé de privilégier le gaz pour des raisons de protection de l’environnement et de coûts financiers en ce qui concerne l’achat du gaz. Pour éviter les pénuries éventuelles de gaz, le gouvernement dans son PAG a prévu l’acquisition d’une unité de gaz flottante. Ce qui est une réalité avec la concrétisation de l’appel d’offre international de ce projet de 51 milliards pour la diversification des sources d’approvisionnement en gaz. La durée de vie de ces moteurs dépasse la cinquantaine d’années à condition que la maintenance soit réalisée de manière correcte et à bonne date. En général, les révisions générales dans ce cas se réalisent tous les 2 ans.
Pourquoi avoir confié la gestion de ce joyau à la SBEE ? Qu’est-ce qui empêche le gouvernement de privatiser la SBEE afin d’offrir une meilleure prestation aux consommateurs ?
En ce qui concerne la première question, contrairement à ce qu’on peut croire, la gestion de la centrale est confiée à la société BW Bénin SA qui est une filiale de la société qui a construit la centrale. Elle a une équipe de 55 personnes dont 52 Béninois qui sera là 24h/24 et 365j/365 pour la maintenance.
Pour la privatisation de la SBEE, il faut noter les préoccupations sont légitimes. Mais je peux vous dire que le gouvernement n’a pas attendu maintenant pour lancer des réformes dans cette société. Ce qui a amené l’introduction des indices de performances (techniques, financières, …) trimestrielles chez chaque responsable de cette société. Tout ceci dans le but d’améliorer et de moderniser cette société. Toujours dans cette perspective, le fonctionnement du conseil d’administration de la SBEE a été amélioré et un appel d’offres a été lancé pour une gestion déléguée afin de permettre à la SBEE d’être une société moderne et modèle d’ici 4 années. Le gouvernement a choisi la voie de la gestion déléguée et non de la privatisation de la SBEE. Car privatiser, c’est vendre.
Qu’en est-il Maria Gléta 1 ? Le prix de l’électricité ne va-t-il pas tuer l’entrepreneuriat au Bénin ? Et quelles sont les dispositions sur le plan de l’environnement ?
Cette centrale respecte les normes administratives et environnementales. Par exemple, elle fait du bruit à 40 décibels. Alors que la norme autorisée est de 60 à 80 décibels. L’émission de NO2 ne doit pas dépasser 2.000 mg, mais Maria Gléta2 est à 1.200mg donc largement en dessous des exigences internationales sur la protection de l’environnement.
Par rapport à Maria Gléta 1, il faut noter qu’il y a une enquête parlementaire initiée pour permettre de voir clair et situer les responsabilités.
Le prix de l’électricité tient compte de certains aspects à savoir tarif social pour le niveau social, …il faudra aussi développer l’efficacité énergétique…Il faut savoir que la SBEE a été subventionnée par l’Etat. Ce qui n’est pas viable à long terme si l’on veut garantir la disponibilité de cette énergie. L’autorité de régulation défend les consommateurs tout en garantissant la vitalité du secteur. Donc le prix de l’électricité est bien abordable à ce jour.
Pourquoi les habitations autour de la centrale ont des baisses de tensions régulières ? Qu’en est-il des énergies renouvelables ?
Cela est dû à une surcharge de zone en période de pic. La vétusté de nos installations conduit aussi à des pertes d’énergie, souvent cause des baisses de tension. Le gouvernement est à pied d’œuvre pour changer et moderniser les installations.
Pour les énergies renouvelables, un appel d’offre est lancé pour sa concrétisation. Cela permet d’avoir des centrales solaires de 50 MW à Bohicon, Parakou, Djougou et Natitingou. A côté de tout cela, un autre projet de 25 MW financé par l’agence française pour le développement et l’Union Européenne, verra le jour d’ici 2020. Tout se fera pour qu’à l’horizon 2021, nous ayons un total de 400 MW disponibles dans notre pays dont 25% d’énergies renouvelables conformément au PAG.
Dans nos maisons, certains propriétaires nous revendent l’énergie à 200F le KW. Nous vous demandons de corriger cette injustice.
Par rapport à ce problème, le locataire avec l’accord du propriétaire peut prendre un compteur prépayé à la SBEE afin d’éviter cette injustice.
2. La question de disponibilité de compteurs et le problème d’électrification rurale
J’espère que la 3e centrale va suivre ? A Porto-Novo du carrefour Cachy jusqu’à la COOP, les lampadaires solaires ne s’allument plus. Quelle est la structure en charge de la maintenance des lampadaires ? Qu’en est-il des nombreuses demandes de compteurs sans suite ?
Je confirme qu’il y aura Maria Gléta3, Maria Gléta 4 et plusieurs autres centrales conformément au PAG. Nul doute car dire et faire constitue une marque de fabrique du gouvernement Talon.
Pour la gestion des lampadaires, il faut dire qu’au Bénin la gestion de l’éclairage public est du ressort des communes. A cet effet, j’envisage une table ronde avec l’Association nationale des Communes du Bénin pour trouver une solution. Pour le cas précis de Porto-Novo, le diagnostic a permis de voir que ce sont les varies au niveau des batteries qui sont à la base et méritent d’être remplacées. Je profite de l’occasion pour mettre en garde certains de nos concitoyens qui vandalisent les lampadaires en particulier les lampes solaires, qu’ils subiront les rigueurs de la loi.
Pour les pénuries de compteurs d’électricité, c’est un manque d’anticipation qui est la base de ce phénomène. Mais des dispositions sont déjà prises pour satisfaire les demandeurs qui tournent autour de 23.000 demandes largement en dessous des 200.000 compteurs qui seront bientôt disponibles en tout avant les fêtes de fin de l’année 2019.
A quand l’extension des réseaux électriques dans les zones périurbaines ?
Le projet financé par la BAD et la BIDC s’occupent de ce volet dans plus de 200 villages. Une comparaison avec la période 2012-2015, le gouvernement actuel est très en avance avec plus de 20% de taux de couverture.
3. Questions diverses
Où en sommes-nous pour le barrage d’Adjarala ?
Il faut noter que ce projet est commun au Bénin et au Togo. Les travaux ont été suspendus en 2017 et une décision est toujours attendue à ce sujet.
A quand la construction d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve Ouémé ?
Le gouvernement a identifié trois endroits de barrages. Il s’agit de Bétérou, Vossa et Dogo bis qui ont respectivement un potentiel de 20, 60 et 160MW. Il faut dire que ce gouvernement mise sur la vocation multifonctionnelle de ces barrages c’est-à-dire production de l’électricité, irrigation et gestion des inondations dans les zones traversées. L’autre chose, les projets hydroélectriques sont des réalisations à long terme car il faut jusqu’à 4 années pour construire un barrage électrique sans compter le coût financier.
Qu’en est-il du règlement des factures par paiement mobile ?
Des essais concluants ont été réalisés courant juin et d’ici fin 2019, ce sera possible de régler les factures par mobile money avec ou sans connexion.
Au sujet des 20 km de basses tensions prévues pour les agglomérations environnantes de la centrale de Maria Gléta, à quand la fin des travaux ?
Ces travaux finiront à la fin de cette année 2019 conformément aux exigences du Chef de l’Etat.
Depuis 2016, je n’ai jamais vu le Président Talon poser des premières pierres. J’ai envie de le voir tenir truelle et pioche….
Depuis 2016, vous n’avez vu le Chef de l’Etat ni pour lancer les travaux, ni pour l’inauguration. C’est une marque de fabrique du Président Talon tout simplement. Pour toutes autres préoccupations, vous pouvez envoyez les questions dans mon mail qui est dhoussou@gouv.bj
Pour finir, je dirai que les coupures éventuelles ne seront plus dues aux délestages mais plutôt d’autres causes comme les incivismes ou des arbres qui tombent, ou encore de vol de cuivre au niveau des fils conducteurs… Des efforts sont faits et seront poursuivis. En moins de 2 ans, nous avons réduit de 75% les souffrances de nos concitoyens en matière d’énergie électrique. Cela a agi sur le PIB car en 2015, nous avons un taux de croissance de 2,3% mais avec la disponibilité de l’énergie, on est passé en 2018 à un taux de croissance de 6,8% avec une prévision de 7,2% pour 2019. L’énergie désormais au cœur du Bénin comme terre d’opportunité grâce au Président Patrice Talon.